Mais il ne peut les arrêter. Après leur avoir commandé de s'en
aller, il rouvre la montre ; c'est un petit appareil de photo.
La nuit,
les réfugiés aux couverture rouges, demandent asile dans la grange de
notre maison. Papa les accueille le mieux possible. Le lendemain, quelle
surprise ! plus personne. Ce sont-ils éclipsés de peur durant la nuit, car
les obus n'ont cessé d'éclater de toutes parts ?
Quelle
horreur ! le matin, je sors et j'aperçois, tués sur le trottoir un
officier du 73ème R.I. et une sentinelle. Les hostilités ont l'impression
de rapprocher. Lundi 3 juin, vers 3h de l'après-midi, une dizaine de
soldats français, sous la conduite d'un sergent, s'emparent des alentours
de notre maison. Chacun creuse un trou car disent-ils : "une
cinquantaine d'Allemands ont gagné trop de terrain. Il faut donc les
attaquer". Ils reçoivent du sergent chacun 4 balles. Qu'est-ce que
cela ? Vers 6h, ordre leur est donné de se replier.
Le calme
s'est fait et on espère ces durs moments finis. La nuit du 3 au 4
juin, est très mouvementée. On entend un passage incessant de camions, de
troupes.
Le matin
vers 6h½ toute la famille est debout. Il fait déjà très clair. Je me
remets au jeu près de la tranchée, avec tous les copains ; le jeu est à
peine commencé que, voilà