Les Allemands vont le massacrer ! mais non, il est fait prisonnier. On le
reverra environ un mois après, libéré et décoré par les Allemands
eux-mêmes.
Et voilà
que les ennemis arrivent près de notre maison. Quelle stupeur ! Maintenant
je les vois de près. Maman pleure en disant : "ils vont vous couper
les bras." (Elle se rappelait les cruautés de 1918)
Tous nous
tremblons de peur. Petit à petit on se remet de sa frayeur. Les Allemands
(on n'osait plus dire les bochs) ne font que passer avec leurs autos, tanks,
bicyclettes ...etc... Vers 9h½ alors que le gros de l'armée est passé,
papa, mon grand'frère et moi, allons ramasser le ravitaillement (boites de
conserves-biscuits...etc...) que les Anglais ont abandonné dans des camions
camouflés dans la cour de l'école "Jean Jaurès". De temps en
temps il y a bien un motocycliste qui nous chasse mais on revient à la
charge lorsqu'il s'en va. Je suis tout fier de rapporter à maman, 2
soupières neuves et nombreux menus objets : dentifrice, savonnettes, en un
mot, tout ce que je trouve intéressant.
Vers midi
moins le ¼, 4 soldats français sont encore faits prisonniers devant notre
maison par 2 allemands et un des 2 se dirige vers notre maison. Quelle
étreinte ! Que va-t-il se passer ? Il entre baïonnette au canon.