Mais les beaux jours cessent bientôt.
Un matin ordre nous est donné de
nous rendre de nouveau à Spycker. Il faut mettre les barbelés dans les
champs. On a dur à faire avec nos brutes de gardiens.
Un jour, que nous allons nous
mettre à l'abri, car les forteresses volantes nous bombardent, notre
gardien donne un coup de sifflet pour nous rappeler car dit-il : " Ce
sera bien, si vous êtes tués." Alors je lui riposte : "dis tout
ce que tu veux, je ne bouge pas de l'abri avant que ce soit fini."
L' Allemand qui a compris, vient
à moi, et me giffle en disant : "vous êtes le plus klein, et c'est
vous qui vous mêlez le plus à ce que je dis à les vieux ; mais attendez
pour ce soir ..." Que se passerait-il ? Je récite dans mon trou, une
dizaine de chapelet car j'ai peur qu'il me brutalise ce soir. J'ai confiance
et je n'y pense presque plus durant la journée.
Le soir on nous dit : "Fertig
Arbeit ; morgen zuruck Kommen." J'ai alors un frisson par tout le
corps. La brute m'attend. Impossible de me cacher, car il me regarde. Il me
prend par l'épaule et me conduit contre le mur de la grange. Dire ma peur
et toutes les pensées qui me viennent à l'esprit, est chose impossible. Je
pleure à chaudes larmes. La brute fait quelques pas et braque sur moi, sa
mitraillette. Je pousse alors un cri : "Maman" et comme abruti, je
sors mon chapelet