Alors, l'auto partie, je récite dans mon trou quelques bonnes dizaines de
chapelet. Ce fait en reste là.
Je dois partir pour Annapes le 22
août ( soit une dizaine de jours avant la libération ).
Mais quinze jours avant, vers 10H½
du soir, alors qu'on s'apprête à se coucher, on est surpris par des cris
venant de la rue. Qu'est-ce encore ? Je regarde par la fenêtre bien qu'on
ne perçoit pas grand chose dans l'obscurité. Je vois qu'à la mairie les
lampes sont allumées ; devant la mairie un attroupement de chevaux et de
chariots. Trois officiers Allemands sortent de la mairie. Ils vont faire une
"raffle" pour conduire les chevaux. Aussitôt le brasseur, notre
propriétaire, vient nous dire et à moi principalement : "Viens par
ici, on va aller se cacher !" Je le suis et on va se cacher dans un
petit abri que j'avais creusé entre son jardin et une prairie. Là, blotti
dans un coin, je me mets à trembler au point que je claque des dents.
Gaston (le brasseur) sort de temps en temps pour voir ce qui se passe. Une
fois, je le suis. A peine avons nous le buste dehors que : "Crack
!!!... des branches mortes qui craquent. Aussitôt on se jette dans l'abri.
On attend 5 minutes, on entend plus rien. On sort de nouveau, nouvelle
comédie ! Trois minutes, Gaston sort seul, car j'ai trop peur. Sur le coup,
plus rien mais quelques instants